impact sonore, risques auditifs, nuisances

Nous l’évoquions précédemment, l’oreille est sensible aux bruits, dont l’intensité et la répétition impactent notre acuité auditive. Nous sommes constamment exposés aux agressions sonores, qu’elles soient de notre fait ou que nous les subissions :

  • Agressions sonores dans le cadre professionnel, pour plus de 3 millions de français ;
  • Pratique de certains sports ou loisirs : tir, moto, sports de combats, plongée, bricolage à la maison, port d’un casque audio ;
  • Vie de tous les jours : travaux sur la voie publique, vie à proximité d’un aéroport ou au dessus d’un carrefour, trafic routier, en sont des exemples. La vie dans un environnement bruyant concerne plus de 6 millions de français.

Les problèmes d’audition sont de plus en plus précoces et touchent de plus en plus de personnes : c’est un enjeu de santé majeur. En dehors d’une réglementation extrêmement claire sur la prévention des risques dans le cadre professionnel, l’État, par le décret n° 2017-1244 du 7 Août 2017, a également souhaité agir pour la protection du public exposé – dans les lieux qui lui sont ouverts mais également à proximité – aux sons amplifiés à des niveaux élevés. Ce texte, qui apparaît comme une modernisation de notre système de santé, définit les niveaux sonores à respecter au sein de ces établissements et détermine des mesures de prévention telles que l’information du public, la mise à disposition de protections auditives individuelles et la mise en place d’espaces de repos auditif. Le décret n° 2017-1244 du 7 Août 2017 est entré en vigueur le 1er Octobre 2018.

Limitation du niveau sonore à l’intérieur des établissements 

Dans le cadre de la prévention des risques liés au bruit dans les lieux accueillant du public et des activités impliquant la diffusion de sons amplifiés, le décret n° 2017-1244 du 7 Août 2017 prévoit :

• De ne pas dépasser, à aucun moment et en aucun endroit accessible au public, les niveaux de pression acoustique continus équivalents à 102 décibels pondérés sur 15 minutes. Lorsque ces activités sont spécifiquement destinées aux enfants jusqu’à l’âge de six ans, ces niveaux de pression acoustique ne doivent pas dépasser 94 décibels pondérés sur 15 minutes.

• L’enregistrement, en continu, des niveaux sonores en décibels pondérés auxquels le public est exposé et la conservation de ces enregistrements. Cette disposition n’est exigée que pour les lieux dont la capacité d’accueil est supérieure à 300 personnes et ne s’applique qu’aux lieux diffusant des sons amplifiés à titre habituel. Elle permet un contrôle du respect des règlements en vigueur, visant à garantir la sécurité auditive du public.

• L’affichage, en continu et à proximité du système de contrôle de la sonorisation, des niveaux sonores en décibels pondérés auxquels le public est exposé, qui va de pair avec une obligation d’information du public sur les risques auditifs.

• La mise à disposition, gratuitement, de protections auditives individuelles adaptées au type de public accueilli dans ces lieux.

• La création de zones de repos auditif ou, à défaut, l’aménagement de périodes de repos auditif, au cours desquelles le niveau sonore ne dépasse pas la règle d’égale énergie fondée sur la valeur de 80 décibels pondérés équivalents sur 8 heures.

Les établissements concernés par ce décret sont ceux qui reçoivent du public, diffusent de la musique ou des sons amplifiés de manière habituelle, qu’ils soient clos ou ouverts. Ne sont pas concernés par ce décret :

  • Les lieux réservés à l’enseignement de la musique et de la danse,
  • Les lieux dédiés à la représentation d’œuvres audiovisuelles ou cinématographiques,
  • Les théâtres, s’ils n’accueillent pas de spectacles musicaux,
  • Les locaux de répétition sans public,
  • Les studios d’enregistrement.

Ces lieux restent soumis aux dispositions du Code de la Santé Publique relatives aux activités bruyantes : limitation des émergences à 5dB de jour et 3dB de nuit.

Protection de la santé auditive du voisinage : étude d’impact des nuisances

La réglementation impose également une étude de l’impact des nuisances sonores de l’activité de l’établissement sur le voisinage. L’étude intègre :

• Une estimation des niveaux de pression acoustique à l’intérieur comme à l’extérieur des locaux, dont les résultats peuvent mener à une obligation de travaux d’isolation acoustique,

• Une description des mesures prises par l’établissement pour limiter le niveau sonore et les émergences aux limites fixées par la réglementation.

Lorsque l’établissement est contigu ou situé à l’intérieur d’un immeuble à usage d’habitation, le décret impose un isolement minimal entre le local où s’exerce l’activité et le local de réception. Cet isolement doit limiter les valeurs maximales d’émergence à 3dB dans les locaux d’habitation contigus aux lieux musicaux. Si les travaux s’avèrent insuffisants en terme d’isolation, alors la loi impose une limitation du bruit à la source.

Au niveau individuel, que faire pour préserver son audition ?

• La prévention

La protection auditive passe par un geste simple, dont il faudrait prendre l’habitude : protéger ses oreilles des agressions sonores que nous subissons ou que nous créons, par le port de bouchons antibruit, dès que la situation l’exige : bruits de voisinage, bricolage, travaux sur la voie publique, etc. Au quotidien, il est donc idéal d’avoir, sur soi, des bouchons antibruit utilisables à chaque instant.

Limiter l’utilisation des casques audios, qui impactent fortement l’acuité auditive.

Si vous ne pouvez pas vous en passer :

  • Remplacez le casque fermé par des écouteurs, qui disposent d’un orifice vers l’extérieur permettant de diminuer la pression acoustique,
  • Baissez le son : le seuil de danger se situe à 85 dB, alors que le volume maximal des baladeurs est bridé à 100 dB, l’équivalent du bruit d’un marteau-piqueur. Réglez donc le volume au ¾ et jusqu’à la moitié en deçà du volume maximum, sans chercher à couvrir les bruits extérieurs,
  • Privilégiez les morceaux en haute définition : un son compressé revient à retirer la modulation du son, à lui faire perdre son relief. Pour retrouver une sensation agréable, vous augmentez le volume. Privilégiez donc une compression faible de vos musiques.

• La nutrition

Nous en parlions dans un article précédent : votre régime alimentaire est votre meilleur allié contre le vieillissement cellulaire, y compris contre le vieillissement des cellules ciliées de votre oreille, garantes du décodage de l’information auditive. Privilégiez donc des aliments crus ou al-dente, l’huile d’olive et de coco, les omégas 3 (présents dans les poissons bleus notamment et certains beurres) ainsi que les épices réputées pour leur action anti-inflammatoire : curcuma et poivre noir, curry, cumin.

Les graines de lin moulues saupoudrées sur vos repas permettent de rééquilibrer le rapport oméga 3 – oméga 6 du corps, elles sont donc à privilégier. Enfin, d’une manière générale, tâcher de réduire voire arrêter les aliments industrialisés, riches en sel et en sucre, en graisses et en cholestérol et les remplacer par des fruits, des légumes et des repas confectionnés par vos soins.

• Un point sur le vin rouge

Le vin rouge, comme le raison noir, sont riches en resvératrol, une molécule connue pour ses propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires, qui possède la capacité de réduire l’expression de la protéine COX-2 et la formation de dérivés réactifs de l’oxygène (DRO), deux phénomènes observés suite à une exposition intense au bruit.

Une étude américaine a montré que l’injection de resvératrol chez des rats permet de réduire la perte auditive de ces derniers suite à une exposition prolongée au bruit, mettant ainsi en lumière les propriétés protectrices de cette molécule. Il ressort de cette étude que :

  • L’expression de la protéine COX-2 débute 8 heures après le stimulus et que le pic d’expression se situe à 32 heures post traitement, confirmant que sa surexpression est bien une réaction à un traumatisme sonore (quand elle est surexprimée, la protéine COX-2 est impliquée dans les mécanismes anti-inflammatoires),
  • Une forte augmentation de DRO dans le sang, après le traitement (les DRO sont produits abondamment suite à un stress oxydatif).

Ces phénomènes ont également été observés chez les rats traités préalablement au resvératrol, mais dans une moindre mesure, confirmant l’effet inhibiteur sur l’expression de la protéine COX-2 et sur la production de DRO.

En conclusion, avant d’aller à un concert, n’hésitez pas à boire un verre de rouge et n’oubliez d’apporter des bouchons antibruit !

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