L’oreille vieillit dès la naissance. Contrairement à l’œil, qui se repose en moyenne le tiers de notre vie – à chaque fermeture de la paupière – l’oreille est sans cesse exposée au monde qui nous entoure et ce monde est de plus en plus bruyant : trafic routier, travaux sur la voie publique, nuisances sonores au travail ou à la maison, vie à proximité d’un aéroport ou au-dessus d’un carrefour, écouteurs (musique, téléphone), discothèques, boîtes de nuits, festivals, manifestations publiques et/ou festives, bricolage, pratique de certains sports ou loisirs, vie de tous les jours. Nous sommes tous exposés, quotidiennement, à des agressions sonores de toutes sortes, qui impactent directement et définitivement notre acuité auditive.

« Bruit. Puanteur dans l’oreille. Musique non domestiquée. Produit principal et signe authentique de civilisation » Ambrose Bierce

Aujourd’hui, en France

7 millions de français reconnaissent avoir une gêne auditive, cela représente 11,2% de la population[1]. La perte de l’acuité auditive est, selon le Ministère de la Santé, l’affection qui touche le plus de personnes. Parmi elles :

  • 0,3% définissent leur surdité comme totale,
  • 0,6% utilisent la Langue des Signes Française (LSF),
  • 11,5% reconnaissent avoir des difficultés à suivre une discussion avec plusieurs personnes,
  • 88% sont concernées par une presbyacousie.

Les problèmes auditifs sont de plus en plus précoces !

Les problèmes d’audition ne sont plus réservés aux personnes âgées : ils touchent de plus en plus de monde et sont de plus en plus précoces. L’audition est un enjeu de société majeur :

  • 15% des 18 – 44 ans souffrent de perte auditive,
  • 45% des 15 – 30 ans déclarent avoir déjà ressenti des problèmes d’audition[2],
  • Un adolescent sur cinq ressent des acouphènes.

Sur une décennie, l’âge moyen des personnes presbyacousiques est passé de 72 ans à 67 ans. La presbyacousie touche 65% des plus de 65 ans. Parmi les plus jeunes, 9% des femmes de plus de 18 ans et 13% des hommes de la même tranche d’âge déclarent avoir des difficultés à entendre ce qui se dit dans une conversation. Les hommes déclarent cette gêne auditive plus souvent que les femmes[3].

Comment fonctionne l’oreille ? Comment entendons-nous ?

Le son se propage dans l’air sous forme d’ondes de pression. Pour devenir une information intelligible par le cerveau, ces ondes mécaniques doivent être converties en signaux électriques appelés aussi influx nerveux. C’est l’oreille qui joue ce rôle. Sa structure complexe abrite le récepteur auditif.

Au niveau de l’oreille externe : les ondes sonores sont captées et amplifiées par le pavillon, en forme de cornet et sont ensuite guidées jusqu’au tympan par le conduit auditif. Cet ensemble constitue une cavité remplie d’air qui communique avec l’extérieur.

Au niveau de l’oreille moyenne : le tympan est une petite membrane souple qui va réagir aux variations de pression de l’onde sonore. Ces vibrations sont transmises aux osselets. Cette cavité communique avec la gorge via les trompes d’Eustache, ce qui permet d’équilibrer la pression. Les osselets sont les trois plus petits os du corps humain. Le marteau est accroché au tympan. Ces vibrations sont transmises à l’enclume, puis à l’étrier, qui joue le rôle d’un piston qui vient comprimer le liquide de l’oreille interne.

Au niveau de l’oreille interne : la cochlée est l’organe de la perception auditive. Répartie sur sa base, plus de 15 000 cellules nerveuses ciliées détectent les vibrations du liquide. Elles génèrent alors l’influx nerveux qui est acheminé, vers le cerveau, par le nerf auditif.

Ce remarquable système est néanmoins fragile. Des sons trop forts sont susceptibles d’endommager notre audition de façon irréversible. Toute anomalie dans la transmission du son, entre l’oreille externe et l’oreille interne, ou un problème d’interprétation par le cerveau, provoque une surdité partielle ou totale.

Découvrez le fonctionnement de l’oreille en vidéo :

La perte auditive, qu’est ce que c’est ?

Une perte auditive se définit par une baisse de la capacité d’une personne à entendre les sons et leurs modulations. Elle peut être brusque ou progressive, permanente ou provisoire, totale ou partielle. Il existe différents degrés de déficience auditive :

Baisse auditive de 25 à 40 décibels. On parle de perte légère, ou naissante, de l’acuité auditive. Cette baisse de l’audition entraine un inconfort léger, dont on ne se rend pas forcément compte immédiatement. Ces pertes auditives concernent 55% de la population de malentendants, dont 10% sont appareillés.

Baisse auditive de 40 à 70 décibels. La perte de l’acuité auditive est ici qualifiée de moyenne. Il devient difficile, pour la personne concernée, de distinguer certains mots, les confondant parfois avec d’autres. Suivre une conversation à plusieurs, dans un lieu bruyant, par téléphone devient problématique et l’effort accru que l’individu doit fournir pour bien comprendre le fatigue. À partir d’une perte de 30dB, l’indication d’appareillage auditif est posée par l’ORL. Cet appareillage pourra être unilatéral (sur une oreille) ou bilatéral (les deux oreilles). Le confort d’écoute procuré par le port d’un appareil auditif engendre une amélioration considérable du quotidien, pour l’utilisateur comme pour les proches. On constate cependant que très peu de français sont appareillés : moins de 25%. Ce refus est souvent expliqué par des raisons de coût (le prix moyen d’un appareil auditif est de 1 550€ en France en 2015[4]) et d’esthétisme.

Baisse auditive de 70 à 90 décibels. Il s’agit d’une perte sévère de l’audition. 70% des individus sont appareillés et le sont très tôt, quelque soit leur âge. Sans cela, il leur serait difficile d’acquérir les bases du langage.

Baisse auditive égale ou supérieure à 90 décibels. On parle ici de surdité profonde, 90% d’entre elles sont appareillées. Ces personnes pratiquent la Langue des Signes.

Une perte auditive peut apparaitre à tout âge de la vie et les causes peuvent être différentes : vieillissement du système auditif, agressions sonores répétées, maladies, médicaments ototoxiques et bien d’autres.

On distingue 2 types de surdités :

La surdité de transmission. Elle résulte de lésions du système tympano-ossiculaires et touche l’oreille externe ou moyenne. Le passage des ondes sonores est bloqué. Ce type de surdité n’est pas appareillable.

La surdité de perception. Le problème vient de la transmission nerveuse des sons, elle touche l’oreille interne et/ou le nerf auditif.

Dans tous les cas, il est nécessaire, en amont, de protéger ses oreilles du bruit et, lorsque la perte auditive est là, de consulter un médecin ORL qui, après des tests auditifs, prescrira au besoin un appareillage auditif.

Presbyacousie et monde moderne

La presbyacousie est le trouble auditif le plus répandu : elle concerne 88% des pertes auditives actuelles et plus de 90% des indications d’appareillage auditif des médecins ORL. La presbyacousie est une atteinte neuro-sensorielle, c’est à dire que le nerf auditif est partiellement détruit. Elle touche tout le monde à partir de la cinquantaine : c’est le vieillissement naturel du système auditif. Ce vieillissement est plus précoce aujourd’hui du fait du monde bruyant dans lequel nous évoluons.

La presbyacousie est :

• Progressive : liée au vieillissement des cellules ciliées, elle se développe dans le temps,

• Bilatérale et symétrique : elle touche les deux oreilles, de la même façon,

Et porte sur les fréquences aigües (2000Hz, 4000Hz, 6000Hz et 8000Hz). Les fréquences aigües sont celles de la vie de tous les jours, des voix féminines et des enfants. Ainsi, une personne presbyacousique éprouvera des difficultés à comprendre les conversations dans des lieux bruyants (les fréquences graves restant intactes) et fera régulièrement répéter ses proches. Elle peut également confondre les mots, ce qui freine la bonne compréhension générale d’un échange verbal. Bien que la presbyacousie touche les hommes et les femmes de la même façon, l’atteinte sur les fréquences aigües expliquent pourquoi les hommes sont plus gênés par cette baisse de l’acuité auditive et sont amenés à faire répéter leur femme ou leurs enfants.

Presbyacousie et presbytie sont souvent comparées car ces deux pathologies sont liées au vieillissement sensoriel, vieillissement de l’oreille pour la presbyacousie et de l’oeil pour la presbytie. Une différence mérite cependant d’être soulignée : la presbytie ne touche pas le nerf optique alors que la presbyacousie est le résultat d’une destruction partielle du nerf auditif (la destruction des cellules ciliées). Ainsi, une personne presbyte retrouvera, avec une paire de lunettes adaptée, une très bonne vue, ce qui n’est pas le cas d’une personne presbyacousique puisque les solutions d’appareillage auditif ne sont pas en mesure de faire repousser les cellules ciliées de l’oreille. L’appareillage auditif amplifie les sons, sur les fréquences lésées par la destruction des cellules ciliées. La personne appareillée retrouvera donc un confort d’écoute, mais jamais l’audition de ses 20 ans. Les technologies numériques actuelles permettent d’apporter un confort de qualité, particulièrement avec un appareillage auditif de type intra conduit ou intra auriculaire, qui respecte le fonctionnement naturel de l’oreille (pavillon de l’oreille et conduit auditif).

Acouphènes et monde moderne

Les acouphènes sont une affection très répandue dans le monde. En France, 15% de la population est concernée. Il s’agit d’une sensation auditive anormale ressentie, dans l’oreille ou dans la tête, sans aucune source sonore extérieure : bruits parasites, voix, sons, bourdonnements, que chacun décrit à sa façon et qui peuvent être très invalidants.

Leurs causes sont nombreuses, mais la première reste, bien sûr, le bruit environnant et les agressions sonores, ponctuelles ou répétées, auxquelles nous sommes constamment exposées. D’autres causes existent : l’hypertension artérielle, certaines maladies de l’oreille, certains médicaments, le cérumen (bouchon de cire dans l’oreille), des problèmes d’articulé temporo-mandibulaire. Il est cependant difficile de définir la cause exacte de leur survenue et encore bien plus difficile de les traiter. Il n’existe aucun traitement connu, à ce jour, contre les acouphènes. Si certains essaient la méthode médicamenteuse, d’autres trouvent une solution dans la pratique de la sophrologie, qui permet de « lâcher prise » en acceptant de vivre avec ces bruits parasites. L’appareillage auditif peut, chez certaines personnes, « masquer » l’acouphène par l’amplification des sons de la prothèse :

Protéger ses oreilles avant qu’il ne soit trop tard !

Les 15 000 cellules ciliées de notre oreille, qui sont garantes d’une bonne audition, sont sensibles au temps (comme chaque cellule du corps) et au bruit. Chacun de nous peut agir sur ces deux facteurs afin de prévenir leur destruction et conserver ainsi une bonne audition, le plus longtemps possible.

• Agir contre le temps : l’alimentation. Ce que nous mangeons, c’est l’essence que nous mettons dans notre corps, voiture avec laquelle nous allons rouler toute notre vie. Le rôle des aliments anti-oxydants (c’est à dire des aliments qui préviennent l’oxydation de nos cellules) n’est plus à démontrer. Il est fondamental de privilégier ces aliments au quotidien. Les anti-oxydants se retrouvent dans les petits poissons bleus (riches en Oméga 3), les fruits rouges, le raisin noir et le vin rouge (riche en révéstévarol et polyphénols), les épices telles que le curcuma qui – mélangé au poivre noir – a une action anti-inflammatoire puissante, mais aussi dans l’usage des graines, comme celles de lin ou de chanvre. La consommation de viande rouge, particulièrement oxydante, doit être limitée. Deux régimes alimentaires sont à privilégier : le régime méditerranéen (fruits et légumes crus ou al-dente, fromages de chèvre ou de brebis, huile d’olive, poissons, herbes) et le régime Okinawa (poissons crus, riz, légumes, peu voire pas de sucres raffinés).

• Agir contre le bruit : la prévention. Dans le monde dans lequel nous évoluons, il est important de protéger son audition des agressions sonores, qu’elles soient de notre fait (casque audio, bricolage, pratique de certains sports) ou que nous y soyons soumis (trafic urbain, travaux sur la voie publique, risques sonores dans le cadre professionnel). La protection auditive passe par le port de bouchons antibruit, qu’il faut avoir le réflexe de porter à chaque exposition sonore.

Ce qu’il faut retenir :

  • L’oreille n’est jamais au repos,
  • Les agressions sonores répétées détruisent les cellules ciliées de l’oreille – qui ne repoussent pas – entrainant l’apparition d’une gêne auditive,
  • Presbyacousie et acouphènes sont les maux du siècle : la survenue de la première est de plus en plus précoce et les seconds touchent de plus en plus de personnes dans le monde,
  • Il est nécessaire de préserver son capital auditif en protégeant ses oreilles avec des bouchons antibruit,
  • Et d’adopter une alimentation riche en anti-oxydant, pour freiner le vieillissement cellulaire.

 

Sources :

[1] Source Surdi.info, Centre National d’Information sur la Surdité, mise à jour du 22 Mai 2018.

[2] Étude Ipsos réalisée à l’occasion de la 12ème édition de la Semaine du son, sur un échantillon de 501 personnes.

[3] « L’état de santé de la population française, rapport 2009 – 2010, suivi des objectifs annexés à la Loi de santé publique ». Étude coordonnée par la DREES, 2010.

[4] Analyse Santéclair pour UFC – Que Choisir, d’une base de 4 700 devis d’audioprothèses, représentant 8 400 appareils auditifs, entre Janvier et Juin 2015.

 

 

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