appareil auditif pour l'enfant atteint de perte auditive incapacitante, perte auditive sévère à profonde

[ Mise à jour le 14 Mars 2023 ]

Lorsqu’un enfant ne parle pas et/ou semble réagir de façon anormale aux stimuli sonores, l’entourage nourrit rapidement une crainte de retards cognitifs. De nombreux médecins sont successivement consultés : le généraliste, le pédiatre, l’orthophoniste voire le psychologue ou le psychiatre. Souvent, c’est au terme d’un long parcours que l’ORL sera enfin consulté. Il décèlera un handicap auditif, pouvant avoir différentes causes possibles (surdités de transmission congénitale et acquises chez l’enfant ; surdités de transmissions malformatives chez l’enfant ; les différents niveaux de surdité et la communication, chez l’enfant). Le chemin vers l’appareillage auditif et l’adaptation prothétique commence alors.

la surdité et les pertes auditives chez l'enfant

Premier rendez-vous avec l’audioprothésiste

L’enfant qui est adressé pour un appareillage auditif a subi différents examens auditifs (examen ORL avec audiométrie et impédancemétrie, otoémissions (OE) et, éventuellement, électrocochléographie) dont les résultats concourent à poser le diagnostic de surdité. A ce bilan audiophonologique est joint un interrogatoire de la famille, à la recherche de l’étiologie et d’éventuels troubles associés pour lesquels des examens complémentaires peuvent être demandés. Un bilan orthophonique et un bilan psychologique peuvent le compléter. L’audioprothésiste devra prendre connaissance du dossier de l’enfant et pratiquer son propre bilan audiométrique dans le but d’une adaptation audio-prothétique.

L’appareillage auditif de l’enfant est fondamentalement différent de celui de l’adulte : en effet, la prise en charge de l’enfant déficient auditif commence par la prise en charge « psychologique » des parents voire de toute une famille dont l’équilibre a été modifié par l’annonce du diagnostic de surdité. Le premier rendez-vous avec l’audioprothésiste est l’étape clé dans le processus d’acceptation de cette surdité. Certes l’appareillage auditif visualise le handicap, mais il est également porteur d’espoir et de projection vers l’avenir.

Lors de ce premier rendez-vous, les parents posent de nombreuses questions :

  • Que va entendre mon enfant ?
  • Va-t-il-entendre ma voix ?
  • Est-ce qu’il va parler ?
  • Est-ce qu’il va porter son appareil auditif toute sa vie ?
  • Doit-il porter son appareil auditif en permanence ?
  • Son avenir, sa scolarité ?
  • Concernant l’appareil auditif, comment cela fonctionne-t-il et comment devons-nous l’entretenir ?

À cet instant commence la guidance parentale. En coordination avec le médecin ORL, il faut définir le rôle de chacun :

  • Celui de l’orthophoniste,
  • Celui de l’audioprothésiste,
  • Celui des parents.

la surdité et la perte auditive chez l'enfant, handicap auditif et appareillage auditif de l'enfant sourd ou malentendant profond

L’audioprothésiste se doit d’être rassurant, il ne doit pas banaliser l’appareillage auditif mais, au contraire, insister sur ce qu’il apportera, sur le plan auditif et son importance sur le développement intellectuel et psycho actif du jeune enfant. Cette première consultation commence par l’anamnèse de cette surdité, pour essayer de connaître si possible :

  • L’origine de la surdité,
  • Les antécédents familiaux,
  • Les antécédents médicaux de la mère, pendant se grossesse,
  • Les antécédents médicaux de l’enfant,
  • Par qui et comment a été dépistée cette surdité,
  • Les réactions de l’enfant vis à vis du monde sonore.

L’audioprothésiste doit savoir se situer sur le terrain relationnel, sur celui de la haute technologie et être clair dans ses explications. Il ne faut pas oublier qu’il doit soutenir la famille, bien que son objectif principal reste l’appareillage auditif de l’enfant. Il faut aussi établir avec ce dernier une bonne relation, le rassurer, le toucher, lui sourire, lui parler. Cette relation privilégiée avec l’enfant va sceller la confiance des parents et permettre une prise en charge à long terme. Ce rendez-vous sera clos par une prise d’empreinte du conduit auditif et seront abordées les démarches administratives de prise en charge, même si, dans le cas du handicap auditif chez l’enfant, l’aspect financier peut passer au second plan puisque la prise en charge par les organismes sociaux est intégrale, y compris pour les familles bénéficiant de la Couverture Maladie Universelle (CMU). Bien souvent, on proposera un tiers payant pour affranchir la famille des contraintes financières.

Principes fondamentaux de l’appareillage auditif du jeune enfant

L’appareillage auditif de l’enfant en général et du tout petit en particulier, doit répondre à des critères incontournables et spécifiques :

  • Systématiquement en stéréophonie, à l’exception de quelques cas particuliers, notamment les aplasies majeures dans leurs formes uni ou bilatérales (l’absence de pavillon et de conduit auditif externe contraint à une adaptation par voie osseuse avec serre tête) et les cophoses unilatérales ;
  • Systématiquement en contours d’oreille. Au moment de l’adolescence, une adaptation en intra auriculaire peut se discuter si la déficience auditive et la taille du conduit auditif externe le permettent ;
  • Systématiquement avec des embouts souples, pour une meilleure étanchéité et une adaptation moins traumatique en cas de choc.

l'appareillage auditif chez l'enant présentant un handicap auditif ou une surdité profonde

Il n’existe pas de limite inférieure à l’appareillage auditif. Même face à une surdité profonde, un appareillage auditif conventionnel sera tenté avant de proposer un implant cochléaire. En général, plus le déficit auditif est important, plus le dépistage est précoce.

Plusieurs séances d’adaptation seront nécessaires. Il faut faire et refaire les examens afin d’optimiser les réglages et affiner le gain prothétique. Une adaptation n’est jamais définitive mais le fait que l’enfant réclame ses appareils auditifs et les porte toute la journée est déjà gage de réussite.

L’appareillage auditif doit être précoce, c’est à dire dès la confirmation du diagnostic. Il nécessite une guidance parentale, qui est un accompagnement tout au long du suivi.

La prise en charge éducative spécifique doit se faire en équipe :

  • Médecins : ORL, phoniatre, pédiatre, généraliste ;
  • Audioprothésiste ;
  • Orthophoniste ;
  • Psychologue ;
  • Psychomotricien ;
  • Équipe éducative.

Les examens indispensables pour l’appareillage auditif

Un appareillage auditif efficace ne peut pas être proposé à la seule vue d’un audiogramme tonal. L’audioprothésiste ne commencera sa prise en charge que s’il est en possession d’un bilan ORL complet comprenant :

  • Examen des conduits auditifs et des tympans (tympanométrie avec recherche du reflexe stapédien) ;
  • Examens objectifs : OEA, PEA ;
  • Examens subjectifs : audiométrie tonale (CA et CO – conduction osseuse) et si possible une audiométrie vocale.

l'appareillage auditif chez l'enfant malentendant profond

Les examens d’orientation prothétique chez l’enfant

Ce sont les examens que les audioprothésistes sont amenés à pratiquer pour le choix et l’adaptation des aides auditives. Ces examens sont spécifiques à chaque âge et devront évoluer tout au long du suivi de l’enfant. Dans les premiers mois et tant que le langage ne sera pas installé, les audioprothésistes pratiqueront une audiométrie tonale puis, dès que possible, une audiométrie vocale.

Les tests subjectifs en audiométrie tonale : ils sont choisis en fonction de l’âge de l’enfant, de sa fatigabilité, de son comportement, de son niveau psychomoteur. Les tests subjectifs en audiométrie vocale : ils sont choisis en fonction de la perte auditive de l’enfant et du niveau de langage de ce dernier. Il existe 3 façons de tester l’audition :

  • En champ libre (du nourrisson au jeune enfant),
  • Au casque pour la conduction aérienne (à partir de 2 à 3 ans),
  • Au vibrateur, pour la conduction osseuse (vers 3 ans).

Les tests en champ libre (de la naissance jusqu’à 5 ans)

Les tests en champ libre permettent d’évaluer l’audition globale de l’enfant. Les deux oreilles sont stimulées en même temps et c’est la meilleure oreille qui répond.

le handicap auditif et sa prose en charge prothétique chez l'enfant sourd

Babymètre (s’adresse aux nourrissons). Cet examen est complété par des tests aux jouets sonores étalonnés et par des réactions à la voix. Il vise à rechercher des réflexes archaïques aux stimuli sonores, donnant une appréciation des réactions auditives. Il s’agit de petits audiomètres portatifs qui délivrent, soit :

  • Des stimuli de bruit blanc filtré dans des bandes de fréquences graves, médiums et aigues, à une intensité pouvant varier de 70dB à 100dB ;
  • Des stimuli en sons purs vobulés sur 4 fréquences (500, 1000, 2000 et 4000Hz), à 4 intensités, variant de 20dB à 80dB.

Les deux oreilles seront testées, l’une après l’autre, alors que le bébé est calme, éveillé ou proche de l’éveil. Les réactions observées peuvent être réflexes, telles que :

  • Le réflexe cochléopalpébral,
  • Le réflexe de Moro (hyper extension généralisée).

Les réactions observées peuvent également être des modifications comportementales : pleurs, réveil, modification du rythme respiratoire, sursaut, grimaces, arrêt de succion, écarquillement des yeux.

Les réflexes d’orientation investigation (ROI).Cet examen requiert l’utilisation de jouets sonores (tambourins, cloches, sifflets), les boites sonores de MOATTI calibrées à 60dB à 2 mètres ou des grelots du Boël Test (35 à 40dB à 20cm). Tous ces jouets sont calibrés, en fréquence et intensité. Ces tests doivent être réalisés en dehors du champ visuel de l’enfant, le but est de provoquer un réflexe d’orientation investigation. L’enfant doit chercher de lui-même l’origine de la source sonore, il faut donc veiller à ne pas le stimuler visuellement. Nous pouvons cependant observer d’autres réactions telles que : pleurs, cris, rires ou simple changement d’expression du visage. Pour être significatives, les réponses obtenues doivent être répétitives. Nous obtenons alors un premier profil auditif de l’enfant, en effet, nous aurons testé l’audition dans 3 zones fréquentielles : grave, médium, aigue, à des intensités variant de 35 à 80dB.

Le réflexe d’orientation conditionné (R.O.C) (dès que l’enfant tient assis, sans appui). C’est une première approche du seuil auditif. Le matériel est très variable et peut faire appel à l’imagination de chacun, généralement sont utilisées deux sources sonores, chacune liée à un objet ou à un jouet qui s’anime ou qui tourne. Ce test repose sur l’établissement d’un réflexe conditionné et consiste à émettre, à droite ou à gauche, des stimuli auditifs en champ libre et à envoyer une récompense visuelle, à droite ou à gauche, lorsque l’enfant répond. Une fois ce conditionnement obtenu, il nous est possible, en augmentant ou en diminuant progressivement l’intensité, de déterminer, fréquence par fréquence, le seuil auditif de l’enfant et donc d’établir un audiogramme. Cet examen entre dans le cadre de l’audiométrie tonale et fait appel à des sons purs, des sons vobulés ou du bruit blanc filtré. La stimulation sonore doit être de courte durée. L’examen réalisé en champ libre donne une idée de l’audition binaurale et ne permet pas de déceler une éventuelle asymétrie.

Acoumétrie à la voix. Il s’agit d’appeler l’enfant par son prénom ou de faire des « hou hou » de plus en plus fort (voix chuchotée, parlée et criée). Ces tests restent très subjectifs, une grande habitude est nécessaire mais ils donnent toutefois de bonnes indications sur le comportement auditif de l’enfant. Vocale aux petits jouets ou aux images, avec et sans lecture labiale, l’intensité de l’émission vocale étant contrôlée au sonomètre.

l'appareillage auditif chez l'enfant présentant une surdité handicapante

Le « peep-show », « train-show » et « ciné-show » (entre 2 et 5 ans). L’enfant est conditionné à déclencher lui-même une récompense visuelle dès qu’il entend le stimulus sonore (diapositives, films, train miniature). Le test se déroule en champ libre ou au casque et nécessite un conditionnement avec une participation plus active de l’enfant, qui va lui-même déclencher la récompense dès qu’il aura perçu un signal sonore (en l’absence de stimulation auditive, il ne se passera rien). La récompense peut être :

  • Des images « peep-show »,
  • Un train « train-show »,
  • Un film « ciné-show ».

Il est à noter qu’en aucun cas l’enfant ne doit voir les manipulations de l’opérateur, qui doit savoir rester impassible. En pratique, toutes les fréquences de 250 à 4000Hz seront testées. A partir du moment où l’enfant accepte le casque, nous testerons chaque oreille séparément, ainsi que la conduction osseuse globale.

Les tests au casque en voie aérienne (plus de 5 ans)

Pour les enfants âgés de plus de 5 ans, c’est l’audiométrie tonale adulte qui sera pratiquée. L’enfant ayant été conditionné au ciné-show en champ libre peut faire ce test dès qu’il accepte le casque : test d’abord en bilatéral puis chaque oreille séparément. Plusieurs séances seront nécessaires. L’audiométrie est faite avec des sons purs ou vobulés, de 250Hz à 4000Hz. Les fréquences 125Hz et 8000Hz ne sont généralement pas recherchées et si l’enfant est opposant ou très fatigué, les graves seront testées en priorité, en sachant que les seuils sur les aigus (2000Hz à 4000Hz) sont connus par le PEA. L’examen sera alors complété lors de la séance suivante. Pour la vocale, si l’enfant a un niveau de langage suffisant, on peut lui proposer de répéter les mots des listes SAUSSUS et BOORSMA, FOURNIER, LAFON et les logatomes du VCV.

  • Des listes pour enfants de Saussus et Boorsma : CD et livres d’images. L’enfant désigne l’image ou répète le mot. Ces épreuves peuvent être complétées par d’autres, telles que les mots phonétiquement proches et les mots monosyllabiques à composante grave médium aigue, qui préciseront le bon équilibrage fréquentiel.
La poupée

Le genou

La corde

La noisette

Le savon

L’orange

Le canard

La bobine

La canne

Le soleil

La poule

La robe

La poire

Le fromage

La nappe

Le crayon

Le garage

L’écharpe

Le peigne

La maison

L’auto

La classe

Le couteau

Le livre

La gomme

Le bonbon

Le vase

La boîte

La bille

Le chapeau

La tarte

L’oiseau

Le costume

La tortue

Le panier

La tasse

La souris

Le paquet

La tartine

La montre

Le ballon

L’assiette

Le cheval

Le lavabo

Le garçon

Le vélo

L’oreille

La vache

La mouche

Le magasin

Le papa

Le journal

La bouteille

L’autobus

La cravate

Le bébé

L’enfant

La pomme

Le soulier

La café

Le bateau

La tête

Le cochon

Le train

La carotte

La pipe

Le lapin

Le docteur

Le gâteau

La patte

Le pigeon

Le manteau

Le canif

Le veston

Le mouchoir

Le marteau

Le tiroir

Le tambour

Le mouton

L’image

Le bouton

L’avion

Le cahier

La culotte

La banane

Le poisson

Le cigare

Le tapis

L’éponge

La chaise

La tomate

La bouche

L’armoire

La brosse

Le sucre

La plume

La table

L’échelle

Le tonneau

Le fauteuil

Le tableau

La valise

La salade

Le singe

Le jambon

Le bureau

Le pyjama

L’éléphant

Le soldat

La fleur

L’ours

Le biscuit

La moto

La lampe

Le chien

La fille

La fourchette

La serviette

Le chat

La loque

 

  • Des liste de Fournier adultes pour des enfants au langage plus élaboré : ce test se pratique au casque et en champ libre oreilles nues, puis avec un appareillage auditif. Le gain prothétique en v ocal pourra être évalué de manière comparative, dans le silence et dans le bruit.
  • Des listes cochléaires de Lafon, pour une évaluation plus précise de l’intelligibilité et sans lecture labiale.

Dans les surdités moyennes et sévères, aujourd’hui dépistées tôt par les médecins de PMI et les médecins scolaires, le retard ou la quasi absence de langage sont tels que l’utilisation de test vocaux pour contrôler l’efficacité prothétique dans les premiers temps d’adaptation de l’appareillage auditif est délicate. L’audioprothésiste utilise donc des tests de discrimination de mots par identification de petits jouets ou d’images. L’enfant écoute les mots émis par l’examinateur ou un CD et désigne la représentation du mot qu’il a identifié. Ces tests corrélés à l’audiométrie tonale permettent une bonne évaluation du rapport performance intensité.

Il est plus intéressant d’établir une corrélation entre l’audiogramme tonal et les indices acoustiques définissant les traits distinctifs phonémiques dans la perspective du réglage électro-acoustique des processeurs numériques multiparamétriques. Sur un audiogramme tonal ne sont représentés que les axes fréquences et intensité. L’axe temporel, qui est essentiel au plan phono syntaxique (découpage syllabique) et phonémique (transitions formantiques), est absent. De plus, on trouve souvent, dans la littérature, des représentations d’audiogramme tonal où sont portées les « zones » acoustiques correspondants à tel ou tel phonème.

Ces représentations sont réductrices et bien souvent erronées. Ainsi, dans l’ouvrage de Jerry L. Northern & Marion P. Downs (Hearing in children, 1991), on constate que les consonnes continues graves /f / et /ch/ sont situées dans la même zone audiométrique que la consonne aigue /s/, alors que les pôles de bruit de friction s’étalent entre 1 et 7 kHz pour les graves et entre 4 et 9 kHz pour les aigus. Les continues /z/ et /v/ sont représentées entre 250 et 500Hz : c’est donc le trait de voisement qui est mis en évidence, puisque les zones spectrales sont les mêmes que pour /s/ et /f/. Quant aux voyelles /i/, /a/ et /o/, elles sont positionnées à 750Hz, qui correspond au 1er formant du /a/ mais à aucun indice acoustique du /i/.

appareil auditif pour l'enfant atteint de perte auditive incapacitante, perte auditive sévère à profonde

Chez l’adulte, les tests de différenciation phonémique apparaissent dès les années 60 ; les tests de traits distinctifs apparaissent à la fin des années 70. A la fin des années 80, on voit les applications de ces tests à l’audiométrie vocale chez l’enfant. En France, confronté à la difficulté d’élaborer des listes de Paires Minimales adaptées à l’enfant, J.P. Béraha propose, en 1978, l’utilisation de listes de logatomes VCV (voyelles consonnes voyelles), avec des stimuli de parole naturelle et synthétique. Ce test est bien adapté au cas des surdités moyennes et légères.

Les tests au vibrateur pour la conduction osseuse en bilatéral

La conduction osseuse (CO) permet de déterminer, en accord avec les tympanogrammes, l’existence ou non d’un écart entre les seuils aériens et osseux (le Rinne). La mesure de la conduction osseuse est bilatérale, l’assourdissement étant difficile à réaliser chez l’enfant ; le WEBER n’est généralement pas pratiqué, car peu fiable.

Ce premier contact entre la famille, l’enfant et l’audioprothésiste est très important. Les parents doivent se sentir en confiance et recevoir les réponses aux questions qu’ils se posent en accord avec le médecin ORL, le phoniatre et l’orthophoniste. L’enfant doit être considéré comme une personne à part entière, qu’il faut savoir aborder pour obtenir sa coopération.

La prise d’empreintes pour la fabrication d’embouts, qui seront en matière anti-allergique et souples, sera le premier « acte » de l’appareillage. Les surdités de perception constituent la très grande majorité des déficiences auditives infantiles, parmi lesquelles il est important de distinguer les surdités congénitales des surdités acquises après l’apprentissage du langage et rester vigilant quant à la probabilité d’évolution des déficiences auditives moyennes et sévères. L’acquisition du langage sera le but de l’appareillage auditif associé à la prise en charge orthophonique pour la guidance, l’éducation précoce et le développement des aides à la communication : lecture labiale, LPC ou Cued Speech, français signé pour les surdités profondes et sévères, dépistées le plus précocement, pour lesquelles le langage ne peut se développer spontanément. Les surdités moyennes provoquent des retards de langage, plus ou moins compensées par la lecture labiale, qui entraineront des difficultés scolaires, dès le début des apprentissages du langage écrit. Pour les surdités légères, ces difficultés n’apparaitront que plus tardivement, au cours de la scolarité. Les surdités de transmission entrainent, généralement, une gêne passagère accessible à un traitement médico-chirurgical simple. Toutefois, dans le cas d’otites chroniques à tympan ouvert, un appareillage auditif peut être conseillé, notamment pour les activités scolaires, dans l’attente d’une solution chirurgicale. Dans le cas d’aplasie mineure ou majeure avec déficit auditif moyen, l’appareillage auditif sera précoce pour ne pas entraver le développement du langage.

Les surdités mixtes : la surdité de transmission majore la surdité de perception et parfois la masque, retardant ainsi le diagnostic.

L’adaptation prothétique

L’adaptation prothétique devra obligatoirement être associée à une prise en charge orthophonique. Le choix de l’appareillage auditif revient à l’audioprothésiste qui, compte tenu des seuls obtenus, choisira l’amplification nécessaire, tout en veillant à une parfaite tolérance.

L’appareillage auditif des déficiences auditives profondes à sévères

Selon la classification du BIAP (Bureau International d’Audiophonologie), on distingue, dans les déficiences auditives profondes, trois degrés en tenant compte de la fréquences 250Hz :

  • 1er degré : perte auditive de 90dB,
  • 2nd degré : perte auditive entre 90dB et 100dB,
  • 3ème degré : perte auditive supérieure à 100dB.

L’appareillage auditif des déficiences auditive profondes

Pour les surdités profondes (3ème degré), le champ auditif restreint aux fréquences graves et l’absence de fréquences aigues, confirmées aux PEA, font qu’il n’y a pas d’autre alternative que l’appareillage auditif précoce en stéréophonie, avec utilisation des restes auditifs en adaptant des prothèses auditives à bandes larges dans les fréquences graves avec une bonne tolérance (limitation volontaire du niveau de sortie). Le développement de l’implant cochléaire donne à ces essais prothétiques toute leur valeur puisqu’en cas de résultats prothétiques très médiocres, un implant pourra être proposé par le médecin ORL. Dans ce même cas de figure, un essai de prothèse SiVo peut être préalablement envisagé pour une meilleure utilisation prothétique.

L’appareillage auditif des déficiences auditives du 1er et 2nd degré et des déficiences auditives sévères de 70dB à 90dB (BIAP)

Pour ces déficiences auditives, il sera important de choisir un appareillage auditif avec une forte amplification sur les fréquences médiums (zone conversationnelle) et les aigues, afin de restituer à l’enfant un champ auditif complet. En effet, de la présence des fréquences 2000Hz et 4000Hz va dépendre la rééducation et le développement du langage.

  • Pour un champ auditif compris entre 250Hz et 500Hz, les informations seront limitées à la mélodie et au rythme de la parole que seule l’éducation auditive associée à une aide à la communication rendra possible.
  • Pour un champ auditif compris entre 250Hz et 1000Hz, l’enfant ne pourra pas percevoir tous les phonèmes de la langue et la lecture labiale va être une aide indispensable.
  • Pour un champ auditif s’étendant jusqu’aux 2000Hz, la plupart des phonèmes seront auditivement identifiables à l’exception des constrictives FV SZ et la lecture labiale sera nécessaire.
  • Pour un champ auditif s’étendant jusqu’aux 4000Hz et un seuil de 40dB, la reconnaissance et l’identification des phonèmes pourront se faire, mais dans les ambiances bruyantes ou à cause de la distance, la lecture labiale sera un apport non négligeable.

Les réactions à la voix et le résultat des vocales, dès qu’un langage oral, même limité, le permet, donneront une appréciation plus rapide de la qualité de l’appareillage auditif. Dans les cas d’enfants atteints de déficience auditive profonde ou sévère et fréquentant l’école normale, un système HF peut être proposé pour améliorer le rapport signal / bruit du message de l’enseignant à l’élève.

L’appareillage auditif des déficiences auditives moyennes de 40dB à 70dB (BIAP)

L’appareillage auditif peut être d’emblée, contrôlé par la vocale et des essais comparatifs permettront un choix de prothèse auditive et des réglages les mieux adaptés.

L’appareillage auditif des déficiences auditives légères de 20dB à 40dB (BIAP)

Le port de la prothèse auditive pourra être limitée aux activités scolaires. Une éventuelle sur-correction risque d’entrainer soit le refus de la prothèse auditive, soit des troubles psychologiques et physiologiques : aussi faut-il être très prudent.

L’appareillage auditif des surdités de transmission

Les indications du médecin ORL seront à respecter scrupuleusement. Pour les otites chroniques à tympans ouverts s’accompagnant d’otorrhées plus ou moins persistantes, il est exclu d’obstruer e conduit auditif externe. Dans ce cas, l’appareillage auditif se fera par conduction osseuse, au moyen de lunettes auditives ou contour d’oreille surpuissant avec serre-tête et vibrateur. Pour les aplasies n’affectant que la chaine tympano-ossiculaire, un appareillage auditif par voie aérienne en contour d’oreille permettra d’attendre une éventuelle intervention chirurgicale. Pour les aplasies avec atrésie du conduit auditif externe et/ou une agénésie des pavillons, l’appareillage auditif se fera par conduction osseuse, au moyen d’un contour d’oreille d’un côté et d’un vibrateur de l’autre sur serre-tête, ceci dès le diagnostic précoce. Une solution dans ce cas-là peut être proposée : la prothèse auditive à ancrage osseux (B.A.H.A).

La guidance autour de l’appareillage auditif

Le moment où les prothèses auditives sont mises en marche est un moment fort, chargé d’une émotion palpable. C’est un moment partagé avec les parents, les yeux rivés sur leur enfant qui va réagir, à sa manière, le plus souvent par la sidération. Le temps semble alors s’arrêter, comme en suspend. Vient alors la guidance, c’est à dire l’accompagnement pour soutenir les parents, les encourager dans leur rôle et dans leur investissement quotidien à moyen et long terme. C’est, en effet, sur les parents que reposeront principalement la découverte du monde sonore et l’apprentissage de la communication orale. L’audioprothésiste doit savoir rester humble sans se réfugier derrière la toute puissance d’appareils auditifs de haut niveau technologique ; il doit s’adapter à chaque famille et à chaque enfant ; il doit pouvoir répondre à toutes les questions, sans banaliser la surdité et en respectant la douleur des parents ; il doit être rassurant et positif, prodiguer des conseils autour de l’appareillage auditif et des directives simples avec des explications claires :

  • Mettre les appareils auditifs d’abord à la maison, chaque jour un peu plus, avant de les mettre à l’extérieur ou à l’école ;
  • Choisir les moments où la communication est privilégiée ;
  • Éviter de tester l’enfant en permanence en guettant ses réactions, mais observer à quel type de bruit il réagit et à quelle intensité ;
  • Approuver et montrer à l’enfant la source du bruit qu’il vient de découvrir ;
  • L’appareillage auditif, pour être efficace, sera nécessairement accompagné par la rééducation orthophonique et l’éducation auditive ;
  • Les stimulations auditives vont permettre l’accès la parole.

La guidance se poursuit longtemps, jusqu’à ce que l’enfant devenu grand se prenne en charge et assume sa surdité.

Conclusion

Plus encore que pour l’adulte, l’appareillage auditif de l’enfant est une constante adaptation, l’appréciation des seuils se précisant avec l’âge. De plus, la structuration et le développement du langage se font à travers la prothèse auditive, qui amplifie les sons complexes de la parole mais que l’enfant devra apprendre, en rééducation orthophonique, à identifier, avant de pouvoir les reproduire. Une collaboration étroite entre orthophoniste et audioprothésiste est donc indispensable pour cerner au mieux les besoins de l’enfant.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez aussi

Difficultés à comprendre la parole dans le bruit : l’audiométrie vocale dans le cadre de l’appareillage auditif

Nous l’avions évoqué précédemment, le problème de compréhension de la parole dans un…