L’audition est un enjeu de santé majeur : les troubles auditifs sont plus précoces aujourd’hui et le vieillissement de la population française explique un besoin grandissant en prothèses auditives. 7 millions de personnes ressentent des gênes auditives, soit 11,2% de la population[1]. Parmi elles, 88% sont touchées par des pertes auditives légères à moyennes, liées au vieillissement naturel du système auditif – la presbyacousie. Pourtant, seul un français sur quatre est appareillé : quelles sont les raisons qui font de la France la mauvaise élève de l’Europe en la matière ?

Qui sont ces français qui refusent l’appareillage auditif ?

Un malentendant sur quatre est appareillé. Cela signifie donc que les trois autres ne le sont pas. Qui sont-ils, ces trois autres ? Le savoir nous permettra de mieux comprendre leur absence de motivation quant à l’appareillage auditif.

Il s’avère que les personnes atteintes d’une surdité sévère ou profonde sont appareillées et le sont très tôt dans la vie, en général, dès que le diagnostic est fait. Parce qu’elles n’ont pas le choix ! Sans appareillage auditif, ces personnes seraient complètement isolées, ne pourraient pas acquérir les bases du langage, apprendre à l’école, se socialiser. En situation réelle de handicap, la prise en charge de leur appareillage auditif est excellente. Par ailleurs, ces personnes n’ont pas ou peu le souci esthétique de l’appareil (fort heureusement car pour elles c’est un contour d’oreille obligatoire), elles désirent entendre, apprendre, corriger leur déficience auditive du mieux possible pour avoir…une vie normale ! On l’aura compris, le non appareillage ne concerne nullement ces personnes là.

Le refus de l’appareillage auditif concerne les personnes presbyacousiques, dont les gênes auditives sont légères à moyennes. Il s’agit de 88% des gênes auditives existantes, 95% des indications d’appareillage des médecins ORL et 80% des ventes de prothèses auditives… lorsqu’elles sont faites ! En somme, il s’agit de 6 millions de français !  Ces personnes, bien sûr, ne sont absolument pas en situation de handicap (leur prise en charge est donc très mauvaise), mais d’inconfort quotidien. Nous pouvons ainsi mieux appréhender les raisons de leur refus :

  • L’arbitrage des choix : il est plus simple de faire répéter son entourage que de dépenser 3 000€ dans un appareillage auditif, somme qui pourrait être mise dans un voyage au soleil ou un moment en famille,
  • L’autonomie : pour un simple inconfort, elles portent généralement leur appareil de manière ponctuelle. Dans bien des cas, la prestation de suivi (payable d’avance) sur plusieurs années les ennuient et elles n’en voient pas l’utilité,
  • La préférence esthétique : ces personnes ne souhaitent pas d’appareil auditif visible, pourtant c’est bien souvent ce qu’on leur propose quand elles « sautent le pas ».

L’infographie suivante[2] met en valeur le taux d’adoption de l’appareillage auditif en fonction du degré de la perte auditive, dans les pays développés.

On constate effectivement que plus le degré de la perte auditive est sévère, plus le taux d’adoption de l’appareillage auditif est bon :

  • Les pertes auditives légères (c’est à dire de 20dB à 40dB) concernent 55% des personnes ayant un problème d’audition. Parmi elles, 10% portent un appareillage auditif,
  • 30% des personnes ayant un problème d’audition ont une perte auditive moyenne (c’est à dire de 40dB à 70dB). La moitié d’entre elles portent un appareillage auditif,
  • 90% des personnes atteintes d’une surdité profonde sont appareillées.

Les raisons unanimement évoquées au non appareillage

Comme nous l’avions évoqué dans un précédent article, la perte auditive liée au vieillissement naturel de l’oreille est progressive : ainsi, nombre d’individus concernés ne s’en rendent pas compte spontanément. C’est par leurs proches qu’ils en prennent conscience : 42% des presbyacousiques consultent un ORL sous la pression de leur entourage. Pourtant, lorsque l’indication d’appareillage auditif tombe, le coût d’un tel dispositif, lié à une certaine réticence sociale entrainent un refus catégorique de la part de l’individu, qui repousse cette dépense – de 7 ans en moyenne – jusqu’au moment où l’inconfort sera tel qu’il n’aura plus le choix : les presbyacousiques, quand ils s’appareillent, le font donc vers l’âge de 71 ans. C’est tard, particulièrement lorsqu’on garde en mémoire que cette gêne auditive arrive vers la cinquantaine. La presbyacousie concerne 10% des seniors actifs : leur refus de s’appareiller impacte directement leur bien-être quotidien et leur performance au travail. Des études récentes montrent une fatigue accrue chez ces personnes et une baisse parallèle de leur productivité.

Les risques du non appareillage sont connus : repli sur soi et isolement progressif de l’individu. Moins stimulé intellectuellement, il pourra, dans les cas les plus sévères, développer un retard cognitif et / ou un terrain favorable à l’apparition de maladie neuro-dégénérative, comme Alzheimer. Les coûts induits du non-appareillage national représentent, chaque année, quelques 2 milliards d’euros à la sécurité sociale. En plus d’être une question de santé majeure, il s’agit également d’un véritable enjeu sociétal.

De nombreuses études mettent en lumière les freins au non appareillage auditif. Parmi eux, les plus connus sont :

Le prix de l’appareillage auditif en France

Le prix d’achat moyen d’un appareil auditif est de 1 550€ en France, en 2015[3], soit 3 100€ pour un appareillage auditif bilatéral, c’est-à-dire sur les deux oreilles (80% des ventes de prothèses auditives). Dans les faits, ce prix comprend :

  • Le prix de l’appareil auditif,
  • Le réglage immédiat de ce dernier, sur la courbe audiométrique du patient,
  • Le suivi de ce réglage, pendant toute la durée de vie de l’appareil, soit 4 à 5 ans en général. Cette prestation représente, en moyenne, 10 heures de main d’oeuvre de l’audioprothésiste pour un équipement bilatéral. Une étude de l’UFC – Que Choisir souligne que ce suivi peut, malgré le fait d’avoir été payé d’avance, ne jamais avoir lieu « cessation de l’activité de l’audioprothésiste, arrêt du port de l’appareil ou décès du porteur ». Précisons que dans le cas d’appareillage de surdités sévères ou profondes, il est très rare que cette prestation n’ait pas lieu, car sans ce suivi, l’appareillage auditif ne sert à rien, les personnes concernées le savent. Cette prestation n’a pas lieu dans le cas d’appareillage des presbyacousies, pour qui les réglages de l’appareil sont minimes. Ainsi, au lieu d’en voir l’utilité, elles n’y voient qu’une contrainte supplémentaire et les limites de l’appareil auditif, qu’elles finissent par ne plus porter.

Afin de permettre un meilleur accès aux soins, la Loi du 6 Août 2015 dite « Loi Macron » envisageait de supprimer, du code de la sécurité sociale, le caractère nécessairement indissociable de l’appareillage, de l’adaptation et du suivi. Avec cette Loi, les consommateurs cessaient de payer, par avance, le suivi de réglage sur 5 ans. Ainsi, les personnes ayant des pertes auditives légères à modérées auraient donc pu, dans un premier temps, faire l’acquisition d’une prothèse auditive réglée immédiatement puis, si nécessaire, faire appel au professionnel de leur choix pour le suivi, au coup par coup. Mais la sécurité sociale n’a pas modifié son code et continue ainsi de considérer qu’appareil et prestation de suivi doivent être vendus ensemble, pour que le consommateur puisse bénéficier du remboursement de… 120€ par oreille ! En d’autres termes, la sécurité sociale continue de considérer que les modalités d’appareillage pour une perte sévère ou profonde doivent être les mêmes que pour des pertes naissantes à modérées. De ce fait, le prix élevé de l’appareillage auditif demeure inchangé et nos presbyacousiques nationaux continuent de le refuser. C’est à partir de ce moment là que de nouvelles sociétés sont apparues, proposant ce que l’on appelle communément des assistants d’écoute pré réglés – qui sont, en fait, des prothèses auditives dont le réglage a été fait en amont pour convenir aux personnes presbyacousiques. La différence entre ces deux types d’appareils auditifs – sur-mesure et pré réglés – repose donc essentiellement sur les personnes à qui ils s’adressent, on en parle dans cet article.

Détail du prix d’une prothèse auditive

Pour un prix moyen de 1 550€ par prothèse auditive, l’État français perçoit 81€ de TVA (taux réduit de 5,5%). Sur le prix hors taxes :

  • 311€ revient au fabricant de l’appareillage auditif,
  • 16€ au grossiste,
  • 1 142€ à l’audioprothésiste, soit une marge de 78%.

Ventilation de la marge de l’audioprothésiste

On note la prépondérance des coûts salariaux, qui représentent 47% de la marge brute des audioprothésistes. Un audioprothésiste, titulaire d’un BAC+3, est rémunéré, à l’embauche, entre 4 000€ et 4 500€ bruts mensuels. C’est un salaire bien supérieur à de nombreuses autres professions de santé à niveau de diplôme comparable, comme les infirmières ou les kinésithérapeutes (1 500€ à 1 800€ bruts mensuels en début de carrière). Ce salaire s’explique par le principe de rareté qui caractérise cette profession. En effet, le nombre d’audioprothésistes en France est insuffisant par rapport au besoin de la population et cette pénurie est entretenue par :

  • L’introduction d’un numerus clausus, qui gèle le nombre d’étudiants formés annuellement,
  • Les organisations professionnelles que sont les syndicats des audioprothésistes (UNSAF et SYNEA) et le Collège National de l’Audioprothèse (CNA), qui plaident contre l’augmentation du nombre d’étudiants formés.

Le profit par prothèse auditive vendue est donc estimé à 242€. C’est une marge élevée, de 5 à 8 points de plus, en moyenne, par rapport au secteur de l’optique[4].

Le reste à charge

Le prix élevé est donc l’une des principales raisons au renoncement, d’autant plus que le reste à charge – qui avoisine les 65% du prix final – est conséquent :

  • La sécurité sociale rembourse 120€ par appareil auditif, dans le cas d’un adulte,
  • Les assurances santé complémentaires remboursent entre 80€ et 350€, par oreille et par année.

Cette prise en charge, relativement faible, s’entend pour des personnes qui ne sont pas en situation de handicap auditif. Elle est nettement plus conséquente pour des surdités sévères à profondes.

On sait que 80% des personnes appareillées le sont sur les 2 oreilles et 50% d’entre elles appareillent la seconde oreille l’année suivante. Ces deux pourcentages amènent une réflexion. En effet, les presbyacousiques, au regard de leur perte auditive, ont la possibilité de choisir entre un appareillage auditif de type contour d’oreille et un appareillage auditif de type intra conduit / intra auriculaire. La grande majorité est, bien souvent, demandeuse d’un appareil discret. Pourtant, les statistiques montrent que 80% des ventes de prothèses auditives sont, actuellement, des contours d’oreille. Il existe une différence majeure entre ces deux types d’appareil auditif, qui repose sur le bon sens mais dont sont très peu informés les consommateurs :

  • Le contour d’oreille (qui est une nécessité absolue pour les pertes sévères à profondes) dispose d’un micro (qui capte les sons) situé derrière le pavillon de l’oreille. Les sons ainsi captés par le micro sont ensuite envoyés dans l’oreille via un tube (transparent). Ce (long) chemin entraîne un décalage, entre les sons captés par le micro et les sons restitués à l’oreille. Sensiblement inférieur à 1 seconde, ce délai est toutefois désagréable pour le cerveau et la seule façon de le compenser reste de porter deux appareils auditifs (ce qui est également une nécessité absolue pour les pertes sévères à profondes), c’est-à-dire un sur chaque oreille, afin d’harmoniser ce décalage sur les deux oreilles ;
  • L’intra-auriculaire (recommandé pour les pertes naissantes à modérées et dont les critères esthétiques sont préférés par ces personnes) est un appareil auditif qui a le mérite d’utiliser l’oreille humaine. Placé dans le conduit auditif, il utilise naturellement le pavillon (qui capte et amplifie les sons) et la proximité tympanique. Ce positionnement lui permet de restituer les sons amplifiés sans délai. Ainsi, dans bien des cas, un seul appareil auditif permet à l’individu de retrouver un véritable confort auditif.

Ceci étant posé, serait-il absurde de penser que les ventes d’appareils auditifs, pour les personnes presbyacousiques, sont préférentiellement orientées sur des contours d’oreille, au détriment des désirs esthétiques des utilisateurs, afin d’avoir la latitude de vendre des options additionnelles (réduction du bruit du vent, micro multi-directionnel) voire un appareil auditif supplémentaire (appareillage binaural) ? Il ne s’agit là, bien sûr, que d’une supposition mais, à la lecture de nombreuses études mettant en lumière la plus grande satisfaction des utilisateurs d’appareils intra-auriculaires et celles relatives à l’opacité et aux liens d’intérêts de ce marché, cette réflexion nous semble légitime. D’autant plus que facture comme reste à charge seraient naturellement moins conséquents si :

  • Une distinction était réellement faite, dans le choix de l’appareil auditif proposé, entre les pertes naissantes à modérées et les surdités sévères à profonde, favorisant ainsi les intra-auriculaires pour nos presbyacousiques, qui bénéficieraient donc d’un confort d’écoute immédiat même en ne portant qu’un seul appareil,
  • Une distinction était réellement faite, dans la prestation, entre les différents degrés de perte auditive, notamment par l’application de la Loi Macron, permettant ainsi à l’utilisateur presbyacousique de payer immédiatement 40% moins cher son appareillage auditif.

En lieu et place de ce bon sens, le Gouvernement a voté la réforme du Reste à Charge 0, qui risque de peser davantage encore sur les retraités, sans pour autant changer les choses pour nos français presbyacousiques.

Des doutes sur l’efficacité des prothèses auditives

Nous avons tous quelqu’un, dans notre entourage, qui se plaint de ses prothèses auditives. Qui n’a jamais entendu l’une des affirmations suivantes :

« Je n’entends rien »

« J’entends le vent »

« J’entends tous les bruits, c’est insupportable »

« Je suis fatigué(e) de devoir retourner régulièrement chez l’audioprothésiste pour les régler, ça ne marche pas »

« Je déteste la voix que ça donne à mes proches, j’ai parfois envie d’en pleurer »

« J’ai payé une fortune, je suis en droit d’attendre quelque chose qui me convienne »

« Je ne les ai porté que très rarement »

« Je ne les porte plus »

Un chiffre tabou de l’appareillage auditif : 5% à 10% des prothèses vendues finissent dans un tiroir. C’est un chiffre qui pourrait être plus précis, car les appareillages modernes permettent de savoir si le patient porte – ou non – sa prothèse et c’est, surtout, un chiffre qui mérite d’être connu. Pourquoi une telle insatisfaction ? Nous émettons les hypothèses suivantes :

  • Les gens ne sont pas suffisamment informés de ce qu’est un appareillage auditif. Nous avons souvent entendu dire « les assistants d’écoute sont des amplificateurs de sons, moi je veux une prothèse auditive » Cette phrase est un non-sens qui témoigne de 2 réalités : un probable dénigrement des « assistants d’écoute » par les audioprothésistes (qui y voient une perte de leur monopole) et une ignorance réelle des consommateurs sur ce qu’est la perte auditive et ce que sont les appareils auditifs.

Nous l’avions déjà évoqué : la presbyacousie est la conséquence de la destruction des cellules ciliées de l’oreille. Sensibles au temps et au bruit, leur destruction est irrévocable. Lorsqu’elles sont détruites, la seule solution qu’il reste, pour retrouver un confort d’écoute, est d’opter pour un appareil auditif. Aucun de ces appareils auditifs ne fait repousser les cellules ciliées : quelque soit le prix investit dans une aide auditive, ce que vous allez acquérir, dans les faits, est un amplificateur de sons. La qualité de cet amplificateur n’est pas liée (comme on peut le lire ici ou là) à sa marque (il n’existe que 8 fabricants au monde de prothèses auditives !) mais à son processeur et à la qualité de sa courbe d’amplification. D’autre part, selon la Loi française, un « assistant d’écoute » peut être dénommé « prothèse auditive » et une « prothèse auditive » est un « assistant d’écoute ». Les assistants d’écoute, victime d’un dénigrement constant de la part des audioprothésistes (qui s’y mettent pourtant !) sont une solution formidable pour tous les presbyacousiques.

Amplificateur de sons, assistant d’écoute, sonotone, prothèse auditive, aide auditive, audioprothèse, quel que soit le nom qu’on lui donne, ce n’est pas le prix de cet appareil qui est un gage de sa qualité, mais plutôt la compréhension de ce que vous pouvez en attendre et le choix d’un appareil qui vous convient, tant sur le type (intra conduit ou contour d’oreille), que sur l’amplification qu’il vous apportera.

  • Le contour d’oreille. Nous reconnaissons la très grande performance de ce type d’appareil auditif pour les surdités profondes et leur nécessité pour les personnes très âgées (plus gros donc plus facilement manipulable). Néanmoins, peu de presbyacousiques de soixante ans le réclame. Ces personnes là, jeunes, dynamiques, avec une petite perte auditive qu’elles n’acceptent d’ailleurs pas (inconsciemment liée « à la vieillesse »), recherchent un appareil discret, à prix juste, car elles ne sont pas certaines de le porter tout le temps. Leur première insatisfaction, lorsqu’elles sont appareillées, est le type même de l’appareil, qui ne répond pas à leur critère de discrétion (et qu’elles finiront par cesser de porter).

Vient ensuite l’amplification même de l’appareil. Nous ne reviendrons pas sur le point évoqué plus haut et les différences entre contour d’oreille et intra conduit en termes de restitution des sons, nous ajoutons simplement un « détail important » : une personne presbyacousique éprouve des difficultés à comprendre dans un environnement bruyant. Lorsque vous portez un contour d’oreille, le micro de l’appareil (situé derrière le pavillon de l’oreille) amplifie les bruits du vent et ceux qui viennent de derrière, au détriment parfois de ce qui se dit devant vous. À moins d’ajouter, en option, la réduction du bruit du vent et le micro multi-directionnel (gratuits sur un intra conduit puisqu’il s’agit de votre pavillon et de votre conduit auditif), l’appareil ne vous apportera qu’une faible satisfaction.

  • La publicité mensongère. Pour faire tomber le frein financier à l’appareillage auditif, certains audioprothésistes n’hésitent pas à mettrent en valeur, sur des supports publicitaires, des prix bas. Cette pratique – interdite par la loi : « l’affichage de tarifs non personnalisés par des sites internet ou sur tout autre support de communication (courriers, prospectus, flyers) qui constituent des prix d’appels trompeurs et une forme de devis sans prescription et sans examen de la situation du patient » – peut entrainer une forte incompréhension chez le patient qui, attiré par un prix bas pour un appareil auditif invisible, finira avec une proposition de devis exorbitant pour des contours d’oreille.

Lorsqu’une personne n’est pas heureuse avec son appareil auditif, elle se ferme à cette solution, ce qui est bien dommage. Une information objective, en amont, sur les différents types d’appareils existants et sur celui qui est le mieux adapté par rapport à l’âge, la perte et le souhait du client permettrait sans aucun doute de mieux satisfaire les utilisateurs et d’avoir la certitude que les appareils achetés seront portés. Et, par là même, que le suivi sera fait (rappelons qu’il représente quand même 40% du prix final de la prothèse auditive).

La complexité du dispositif ou du parcours

L’appareillage auditif sur-mesure est exclusivement délivré par un audioprothésiste. Pour en faire l’acquisition, la personne ressentant une gêne auditive doit :

  • Se rendre chez un ORL, qui procédera à des tests d’audition. Si la perte auditive est supérieure à 30dB, le médecin prescrira un appareil auditif bilatéral ou unilatéral. Cette prescription permet également la prise en charge de l’appareil par la sécurité sociale et les mutuelles. Dans certaines régions, le délai d’attente pour la prise de RDV chez un spécialiste ORL peut aller jusqu’à 6 mois ;
  • Se rendre ensuite chez un audioprothésiste, qui proposera un appareillage auditif et réglera ce dernier sur la courbe audiométrique du patient, réalisée par l’ORL.

Afin de simplifier ce parcours et raccourcir les délais, il n’est pas rare que les audioprothésistes proposent, par une publicité reçue en boite aux lettres, un bilan auditif gratuit. Suite à ce bilan, l’audioprothésiste prend directement RDV avec un ORL, pour le patient, afin que ce dernier puisse obtenir une ordonnance d’appareillage plus rapidement. La loi interdit formellement ces pratiques :

  • Les propositions de bilan auditif : « l’audioprothésiste ne peut intervenir qu’en exécution d’une prescription médicale et un bilan auditif ne peut-être réalisé que par un médecin. En effectuant un bilan auditif, l’audioprothésiste se substitue au praticien et peut être poursuivi pour pratique illégale de la médecine ». Cela est fondé sur le bon sens : nul ne peut être juge (en l’occurence, quantifier une perte auditive) et parti (vendre l’appareil auditif), au risque de voir une perte auditive être majorée, avec l’ambition de vendre l’appareil auditif le plus onéreux derrière ;
  • Les opérations de publipostage (par mailing) et les distributions de prospectus nominatifs ou non qui constituent un démarchage illicite dès qu’elles contiennent une incitation à se rendre sur les lieux de vente par la promesse d’un avantage quelconque (cadeau, gratuité, remise, etc.) ».

Le parcours, pour obtenir un appareillage réglé sur-mesure, ne peut être simplifié ou raccourci. Une personne atteinte d’une surdité profonde pourrait en témoigner : les réglages de l’appareil auditif sont longs. Il faut arbitrer entre ce que peut faire l’appareil, ce que ressent le patient, ce que peut faire l’audioprothésiste. Cela demande du temps, une utilisation quotidienne de l’appareil auditif et un suivi régulier, avec un esprit scientifique. La question à se poser serait plutôt : êtes-vous, vous, dans ce cas de figure ? Faites-vous partie des 5% de la population qui est porteuse d’un véritable handicap auditif ? 

De nouveaux produits, discrets et performants, vendus à des prix abordables et ne nécessitant ni prescription ORL, ni délai d’attente, ni suivi régulier se développent sur le marché. Ils séduisent de plus en plus par leur performance réelle et ont l’avantage de simplifier grandement le parcours du consommateur en lui offrant une solution satisfaisante, immédiate et adaptée à sa perte auditive. Ainsi, le choix doit revenir à l’utilisateur, principal intéressé, puisque c’est encore lui qui paiera et portera son appareil auditif. Grâce aux nouvelles technologies de l’information, il peut mieux s’informer et décider par lui-même du parcours qu’il fera. Le développement des prothèses auditives préréglées, rendu possible par une insatisfaction réelle des français sur l’offre préalablement existante, lui offre des solutions alternatives performantes qu’il aurait tort de négliger car le ressenti des utilisateurs avec ce type d’appareils est excellent.

 

Sources :

[1] Source Surdi.info, Centre National d’Information sur la Surdité, mise à jour du 22 Mai 2018.

[2] Amplifon

[3] Analyse Santéclair pour UFC – Que Choisir, sur une base de 4 700 devis d’audioprothèses, représentant 8 400 appareils auditifs, entre Janvier 2014 et Juin 2015.

[4] Rapport Alcimed, pour la Direction de la Sécurité Sociale.

 

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